Jeudi 24 janvier 2002
 

Chirac impose de nouvelles têtes

par Delphine Byrka
Article publié dans Paris-Match, du 24 janvier 2002

 

Chirac en est désormais convaincu: pour gagner, il doit d’urgence faire émerger des "têtes nouvelles" auprès de lui. Des députés "bosseurs", de jeunes élus "méritants", des femmes "accrocheuses". Qu’importe leur âge, pourvu que ce soient des élus en phase avec les réalités quotidiennes des citoyens. Jérôme Monod, son conseiller politique, sa fille Clause et Alain Juppé se sont relayés pour transmettre le message: la victoire passera aussi par la nouvelle génération politique de proximité! Mais c’est une maire d’avenir qui a eu le courage de lui dire sans ambages: "Les Français ne croient plus aux discours démagogues des leaders de la droite, ils veulent entendre les élus de terrain." Des "gens frais et optimistes", selon l’expression du député et premier adjoint à la mairie de Marseille Renaud Muselier, qui avec ses copains du groupe des dix (jeunes "survivants" de la dissolution) martèle à l’Elysée avec Georges Tron, député de l’Essonne, qu’"il ne faut pas laisser le terrain libre aux jeunes porte-drapeau jospinistes qui montent depuis 1997".

Depuis son coup de fil vérité avec l’élue, le président l’a répété aux parlementaires qu’il avait invités à déjeuner à l’Elysée il y a quinze jours, comme aux présidents de groupe parlementaire et à MAM: il n’est pas question que les ténors caciques et vieux barons de la Chiraquie monopolisent le devant de la scène de campagne. Place à la relève: Et le président de citer en exemple à ses visiteurs la politique de la ville du député-maire de Dreux, Gérard Hamel, l’énergie de Brigitte Barège, le nouvel édile RPR de Montauban, ville tenue par les socialistes pendant trente-six ans, la carrure de future ministrable de la maire de Caen, Brigitte Le Brethon. Jérôme Monod, qui recevait mardi dernier, à déjeuner, une dizaine d’élus de Debout la République, cercle animé par le jeune député Nicolas Dupont-Aignan, l’a dit aux trentenaires réunis autour de la table: "exprimez-vous!".

La veille, c’était le président de l’UEM, Renaud Dutreil, qui inaugurait les dîners d’appartement de l’association Génération Terrain. Chaque semaine, son président, Pierre Vallet, un "start-upeur" syndicaliste, conviera chez lui un homme ou une femme politique de la droite chiraquienne à rencontrer des jeunes talents engagés dans le vie de la cité. Une dizaine de députés ont déjà accepté dont les RPR Pierre Lellouche, Roselyne Bachelot, Françoise de Panafieu, Hervé Gaymard ou l’UDF Henri Plagnol. Ils attendent la réponse de Sarkozy. Mais c’est la venue d’un ex-Premier ministre qui est certainement le plus révélatrice de cette volonté toute chiraquienne d’aller au contact avec ces militants de la politique autrement: Alain Juppé a donné son accord de principe.

Mais il est vrai que les membres fondateurs de l’UEM multiplient depuis quelques semaines leur recrutement dans cette sphère émergente. Et plus particulièrement du coté des femmes. Parmi les dernières adhésions: Brigitte Le Brethon, Fabienne Keller, maire UDF de Strasbourg, Caroline Cayeux, maire de Beauvais ou la "filleule" de Douste, l’avocate de Pantin, Nicole Guedj, spécialiste des droits de l’homme. Autre signe: la, - jusqu’ici- très confidentielle association Femmes, débats, société, soutenue par la bande Barrot-Perben-Raffarin-Barnier, sort de sa réserve. Fort d’une centaine d’adhérentes, ce club de réflexion où se côtoient femmes de la société civile et aspirantes à des fonctions électives compte dans ses rangs l’ex-tête de liste séguiniste dans le XVIIIème arrondissement parisien, Roxanne Decorte, et des conseillers plus ou moins proches de Chirac, comme l’experte en environnement Nathalie Kosciusko-Morizet, ou la discrète "Madame Retraite" du RPR, Marie-Claire Carrère-Gée. C’est sur le site RPR, celui du futur candidat Chirac, 2002pourlafrance.net que ce club entre dans le débat électoral en posant cette question: "y a-t-il un nouveau féminisme?".

L’activation élyséenne des réseaux de "nouvelles têtes" est déclenchée. Encore faudra-t-il que Chirac réussisse à les imposer à ses vieux compagnons et autres anciens.

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