Dimanche 11 novembre 2001
 

Jeunes loups,
prêts à mordre éléphants

par Bertrand Gréco
Article publié dans Le Journal Du Dimanche, du 11 novembre 2001

 

Les vieux ténors de la droite parisienne ont du souci à se faire. La relève est là, bouillonnante, déterminée et revancharde. Prête à apporter du "sang neuf" et à "flinguer" les anciens. Simples militants, sympathisants anonymes ou jeunes élus, ils sont quelques-uns à vouloir la peau des "éléphants" qui ont perdu Paris en mars dernier. En première ligne: Génération Terrain, une association créée juste après les municipales, qui s’est fixée pour but "de promouvoir de nouveaux talents politiques et de favoriser le renouvellement des idées".

"Nous ne sommes pas des révolutionnaires, pondère Pierre Vallet, 33 ans, président de Génération Terrain. Mais nous ne nous reconnaissons pas dans la droite actuelle. Il faut la dépoussiérer. Et en finir avec la caricature vieux costards-cravattes et bourges à collier façon 16ème !". Salarié d’un grand portail internet, ce jeune homme dynamique a rendu sa carte du RPR, il y a quelques années. Ce qui ne l’a pas empêché de figurer sur la liste séguiniste dans le 2ème. Défaite. Aujourd’hui, il peste contre les "notables de la politique", les "baronnies", le "népotisme", la "gérontocratie"...

Au lendemain des municipales parisiennes, les déceptions sont nombreuses à droite. Interpellés par "le vent nouveau venu de la province", quelques jeunes militants, chefs d’entreprise ou responsables associatifs, décident alors de créer un "cabinet de chasseurs de têtes" sur internet. Chaque semaine, après entretien, un "nouveau talent" est mis en exergue par l’association: CV, portrait et propositions. "L’objectif est de dénicher 21 candidats potentiels pour les législatives, explique Pierre Vallet. On cherche des profils un peu romanesques, des gens qui nous ressemblent, en phase avec la société."

Tous "de droite", ces "nouveaux talents" ont suivi des parcours différents. Leur point commun? Une grande ambition personnelle, "au service du bien commun", précisent-ils. A 27 ans, Philippe Blandin (18ème arrondissement) est un libéral, amateur de techno. Il entend "se démarquer des partis traditionnels et faire de la politique autrement". Une certitude: "Certains doivent céder leur place."

Corinne Fayolle, elle, a participé à la campagne du séguiniste Henri Guaino face à Jean Tibéri dans le 5ème. Agée de 34 ans, elle raille ces "vieux messieurs condescendants" de la politique et parle de l’"insupportable" odeur de formol". Pour cette RPR, le conflit des générations constitue une "tare congénitale" de la droite. "Quand on est jeune et qu’on est une femme, c’est plus facile à gauche. Dans mon parti, on dirait qu’ils ne veulent pas nous voir".

Anne Biraben (37 ans) a été confrontée elle aussi à quelques désillusions au sein du RPR, qu’elle a quitté. Numéro deux de la liste de Séguin dans le 6ème, elle n’a pas digéré le "retrait unilatéral" au profit de Jean-Pierre Lecoq, le maire sortant. "On est usé par la politique quand on a trop d’années de mandat derrière soi, dit-elle. La droite a besoin d’un souffle nouveau."

Pour Brigitte Kuster, 42 ans, la situation est différente. Elue dans le 17ème au côté de Françoise de Panafieu, elle est vice-présidente du groupe RPR au Conseil de Paris. "Mais je ne me sens absolument pas apparatchik, souligne-t-elle. Avec d’autres, j’incarne un renouvellement en douceur de la classe politique". Zaïr Kedadouche, 43 ans, également proche de "Panaf", mais aussi d’Alain Juppé, est le seul élu parisien (17ème) d’origine algérienne. Il rêve maintenant de devenir "le premier parlementaire issu de l’immigration maghrébine".

Les responsables de Génération Terrain - proches de Roxane Decorte, l'éphémère tête de liste de Séguin dans le 18ème - envient la gauche qui a su, mieux que la droite, faire émerger de jeunes politiques. Ils affichent plus d’affinités avec Clémentine Autain (PCF) ou Stéphane Pocrain (Verts) - même si leurs idées divergent - qu’avec Bernard Pons (RPR), 74 ans et candidat à sa succession aux législatives. Et ils rappellent que, parmi les 137 députés de l’opposition, 12 sont des femmes, 7 ont moins de 40 ans et 96 plus de 65 ans.

"Ils ne prennent jamais leur retraite, peut-on lire sur leur site. Ils sont élus de père en fils. Font les marchés sans sac à provisions. Savent qui sont Maurice Couve de Murville et Pierre Messmer. D’ailleurs, ils les ont bien connus !".

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