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Fin de quarantaine |
Kamel Hamza, 33 ans. Créateur dentreprise, Président de France 2000, vote à gauche jusquen 1995 Sait doù il vient, sait encore mieux où il va.
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Mon CV (format pdf) | |
Mes trois propositions |
"Nous
étions 8 frères et surs. Nourdine, Ali, Farid, Djamila, Fetta, Nassera, Samia et
moi. Plus mes parents. Tous dans un deux pièces à Aubervilliers. Mon père sy
était installé en rentrant dAlgérie. Il avait fait la 2nde guerre
mondiale dans la Marine Française, puis celle dAlgérie avec le FLN. Et
lorsquil a pressenti que son combat pour la liberté allait être dénaturé, il a
débarqué en France et acheté un café à Aubervilliers. Mais ma mère pleurait parce
quelle ne le voyait jamais. Il faut dire quelle ne parlait pas le français et
ne savait pas écrire. Alors mon père a vendu son café et est devenu éboueur à la
Mairie de Paris pour pouvoir rester plus souvent avec elle.
Mon père nous a fait comprendre le sens de la vie, quil ne faut pas des millions pour être bien. Il nous a transmis de belles valeurs, à commencer par le respect et le sens du partage. Il était vraiment un exemple, et lexemplarité cest important. Quels exemples montre-t-on aux jeunes dans les quartiers? Footballeur ou rappeur. Tu peux me citer le nom dun grand patron ou dun politique issu de limmigration? Au lycée, cétait super. Nous avions de bons profs qui nous donnaient lenvie de se surpasser. Je bossais en bibliothèque. Il y avait une vraie mixité sociale et ethnique. Des Italiens, des Espagnols, des jeunes dorigine maghrebine Maintenant, ça a changé. La transition professionnelle sest faite. Beaucoup dentre eux ont créé leur boîte et se sont installés ailleurs. Ceux qui sont restés navaient pas les moyens de partir Jusquà lâge de 20 ans, tous les deux ans, nous retournions en Algérie. Notre père voulait que nous ayons des attaches dans notre pays dorigine. Alors cétait une année en colonie, une année en Kabylie. Je dis colonie mais je devrais dire "colococo" parce que nous baignions dans un univers communiste toute lannée et que les colonies étaient encadrées de la même manière. On est même parti à Cuba Et à chaque fois, on avait deux jours de "cours". Après, il ont arrêté parce quils ont compris que les mômes, ils y allaient que pour les filles Dans la famille, nous avons tous réussi. Mes surs sont infirmière, psychologue, prof des écoles à la Courneuve, assistante sociale. Un de mes frères a fondé sa boîte. Il était chef de travaux au Stade de France et a supervisé linstallation du réseau informatique, un autre est commercial dans les Telecom, le dernier chef de rang dans un grand restau Maintenant, ma mère a arrêté de faire des ménages. Notre père nous a également transmis la religion. Nous sommes tous croyants. On fait le Ramadan. Cest un besoin identitaire, un moyen de se retrouver en famille. Ma mère est pratiquante mais ne porte pas le voile Et ma femme ne pourrait pas le porter. Je nai pas cette volonté de pratiquer la religion dune manière totale. Du reste, si lon parle du voile, cest parce que le problème de lIslam en France nest pas réglé. Il faut simplement que lIslam, deuxième religion de France, soit traitée comme toutes les autres religions. Il faut respecter la laïcité de lécole publique et créer des établissements religieux sous contrat, comme pour les écoles catholiques, avec des Imams formés en France bien entendu. Après le Bac, je voulais faire Sciences Po mais quand jai vu que toutes les prépas étaient à Paris et que je ne pourrais pas suivre financièrement, je suis allé à la Fac. Jai fait un Deug de sciences éco puis jai suivi des cours du soir stats, informatique, base de données, marketing - et jai travaillé en parallèle, pion dans des écoles primaires, animateur dans un centre de loisirs Jai terminé ma formation. Je suis entré au Centre de Recherche de France Telecom pendant deux ans, travaillé dans une start-up et créé ma société NTIC. Côté politique, jai monté lassociation France 2000. Baignant dans un environnement communiste, javais toujours voté à gauche sans vraiment minterroger. Nous avons organisé des rencontres avec des politiques. Je me suis rendu compte que le terme Beur ne correspondait à rien, quil traduisait une absence didentité, les récupérations et manipulations politiques, SOS Racisme. Quétaient-ils devenus ceux de la marche des Beurs de 1983? On les avaient instrumentalisés mais on ne leur avait jamais permis de devenir acteurs de leur vie. Cétait ça les années Mitterrand, le bilan de la gauche, mon droit dinventaire. Enfin, aux Régionales de 1998, la droite a eu une position très claire vis-à-vis du FN, excluant systématiquement ceux qui faisaient alliance, renonçant à certaines régions. Cela ma ouvert les yeux. Le FN servait la gauche depuis tellement de temps Aux municipales, à Drançy, jai milité et aidé le maire UDF à être réélu. Depuis, plus de nouvelles. Là, on a compris. On doit être à notre tour des politiques Jai pris la carte du RPR et je suis allé voir Eric Raoult. Je lui ai dit que javais une équipe et que je voulais faire basculer la banlieue à droite Dailleurs, plus ça va, plus je pense que je peux la gagner. Plein de gens viennent me voir maintenant On sent un engouement. "Si cest toi, jy vais, je te suis." Mais je ne marrêterai pas là. Il faut agir sur le tissu économique des banlieues. Au niveau associatif, cest lincompréhension. Leurs responsables ne te comprennent que si tu crées un commerce. Mais si tu veux faire un truc un peu plus compliqué, ils ne savent pas faire. Or, la mixité sociale sans la mixité économique, je ny crois pas. Il faut inciter de grandes entreprises à simplanter en banlieue Et pas que des toutes petites sociétés ou des centres commerciaux qui offrent un horizon économique limité. On se débrouille donc seuls. On prospecte dans les grands comptes, dans les réseaux économiques où on a travaillé, acteurs politiques, associatifs, économiques Les communistes ne prennent pas en compte le fait que nous sommes dans la société des "ènetiques*". Les ouvriers de demain seront des techniciens de maintenance, des opérateurs téléphoniques et dans ces quartiers on est en décalage. On ne prend pas en compte ces mutations Dailleurs le gouvernement a supprimé les zones franches. Pour notre génération, cest lheure de la fin de quarantaine Nous avons désormais droit de cité." *NTIC Portrait écrit pour Génération Terrain par Chasseurs de nouveaux talents politiques |
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Rester plus souvent avec elle |
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l'envie de se surpasser |
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Mon droit d'inventaire |
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"Si c'est toi, je te suis" |
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