L’allongement de l’espérance de vie est la donnée fondamentale, permanente et structurante autour de laquelle j’articule mes propositions. Car loin de se limiter à un simple débat financier, la question de l’allongement de l’espérance de vie relève d’un choix de société. Le nombre des retraités va augmenter considérablement, passant en France de 11 millions en 1995 à 16,3 millions en 2020 et à 20,6 millions en 2040, à âge médian de sortie de vie active inchangé. («L’avenir de nos retraites» Commissariat général du Plan)

Or, dans le même temps, 2,3 millions de personnes en France sont concernées par l’illettrisme. Un tel rapprochement semble signer une forme de faillite de notre système scolaire et sociétal. L’ambition de notre école républicaine –apprendre à tous à lire, à écrire, à compter- apparaît aujourd’hui comme un objectif inaccessible. Plus d’un élève sur cinq entrant en sixième ne maîtrise pas les «compétences de base» en lecture, tandis que 38% ne maîtrisent pas les «compétences de base» en calcul. Si l’on cumule la lecture et le calcul, ce sont presque 15% des enfants qui ont de graves lacunes dans les deux disciplines et se trouvent donc en danger de marginalisation scolaire.

C’est bien autre chose que le destin scolaire d’un individu qui se joue là. Les conséquences de l’illettrisme ne sont pas seulement culturelles, elles sont aussi sociales. L’illettrisme, en menaçant la cohésion de la société, met en péril notre idéal de citoyenneté démocratique et appelle une réaction du corps social tout entier. L’éradication de l’illettrisme en France est une urgence morale. Et des millions de retraités en France s’inscriraient volontiers dans cet élan national de lutte contre l’échec scolaire et contre les difficultés d’insertion professionnelle.

L’objectif est donc de pallier les défaillances de l’apprentissage scolaire et de valoriser les potentialités d’action des seniors. Je propose trois mesures qui permettraient de passer le flambeau entre les générations et au bénéfice de tous:

1- Constituer des réseaux de retraités bénévoles qui désirent continuer à s’investir dans la société.
Un centre national serait chargé, en étroite concertation avec les associations, de répertorier toutes les actions possibles vers l’insertion des jeunes adultes, des exclus, des handicapés, etc. Il s’agit de créer un élan national pour valoriser le temps de la retraite.

2- Associer les retraités à certaines missions d’enseignement.
Il n’est pas question de substituer un senior à un professionnel mais de le faire intervenir sous son autorité et à la propre demande du corps enseignant.

3- Créer des groupes de réflexion intergénérationnels.
Ces lieux de transmission regrouperaient toutes les classes d’âge par secteurs d’activité et domaines de compétence. Leur mission serait de favoriser la transmission du savoir qu'il soit technique, historique, culturel, artisanal, etc. mais également d'associer efficacement créativité et expérience pour le bien de tous.