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Webmaîtresse |
Orianne Garcia, 29 ans. Co-fondatrice de Caramail, premier service francophone dhébergement de mails gratuits . Etre de droite ne lui fait pas froid aux yeux. |
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Mon CV (format pdf) | |
Aux Etats-Unis, patrie de lautomobile, les grandes idées naissent au fond dun garage couvées par la fée clé à molette. En France, elles préfèrent le bistro du coin où, depuis Rimbaud et Verlaine, la francophonie a souvent vécu des coups daccélérateur et de génie sous le regard bienveillant de la fée verte ou jaune selon la densité du milieu aquatique ambiant et lépaisseur des volutes bleues alentours. Dans ce café-là, 3 jeunes gens compulsaient frénétiquement un dictionnaire des (pauvres) rimes que la terminaison "mel" nenchantait guère. Et puisque Hydromail sonnait trop alcoolisé, Chamail pas très sexy et Béchamail pas réjouissant, il fallait bien se résoudre à lancer Caramail Orianne Garcia, Alexandre Roos et Christophe Schaming était cependant soulagés. "Fin 1995, raconte Orianne, les garçons(*) avaient conçu Lokace, le premier moteur de recherche francophone sur internet. Mais tout avait été développé sur notre temps libre. Et ne rapportait pas un centime. A lépoque, il fallait encore convaincre les annonceurs qu'internet ce ne serait pas uniquement anglais et que ce nétait pas un simple effet de mode. Alexandre et Christophe continuaient donc à travailler pour leur société de service As/Tech pour "As de la Technologie" - modestement Et moi, parallèlement à mes études à la Sorbonne, je donnais des cours de formation en informatique à la Mairie de Paris - tailleur, chignon, fausses lunettes et ces élèves qui se levaient à 16h59 tapantes... Le soir, nous passions donc notre temps à rêver le web, à imaginer ce quil serait demain. Et un jour, Christophe nous a parlé de ce tout nouveau service de mails gratuits qui nexistait alors quen Anglais Je sortais dhypokhâgne et khâgne, je baignais dans les Lettres, la France et la francophonie. Je nimaginais pas une seconde quun service comme celui-ci ne soit pas disponible en Français" La décision de lancer Caramail est donc prise dans la minute "Nous ne savions pas trop si le succès serait au rendez-vous. Nous étions les premiers. Nous avions parié quau 100000e abonné tout le monde se teindrait les cheveux en blonds " 3 mois plus tard, en janvier 1998, Orianne se rend au Printemps et achète de quoi se teindre pour toute léquipe. Peu après, déclinant la "philo Cara" ("donner aux internautes francophones tous les moyens de communication en ligne dont ils peuvent avoir besoin dans leur langue maternelle"), Caramail ouvre ses premiers forums de discussion et salons de dialogue en direct. Avant même louverture du service, linfo ayant filtré sur les "newsgroups" dalors, le standard de Caramail saute La concurrence apparaîtra un an plus tard sur le marché français. Suivront un nombre impressionnant de "pots du soir". Les réussites du jour ou de la semaine sont nombreuses à fêter : record sur le nombre de connectés au chats, sur le nombre de-mails, etc. Le rythme de croisière et de croissance ne cessera de saccélérer pour en arriver aux 25000 créations de-mails par jour actuels, aux 15 millions dabonnés, aux 32000 personnes dialoguant en direct de manière simultanée, ou aux 100 000 forums de discussions et aux 4 millions de comptes mails actifs... dont 47% de francophones résidant à létranger Cette réussite néchappe pas à lElysée. Xavier Schallebaum, alors webmaster de lElysée, propose à Orianne de faire partie du jury des cyber-lycées. Elle y rencontre Jacques Chirac. Un contact "super chaleureux dans un cadre super officiel. Bref mais électrisant. Lhomme a une aura certaine." Orianne serait-elle donc de droite ? "Oui, explique-t-elle dans un large sourire. Je bosse en France, et jai décidé de rester résidente française quand tant de jeunes entrepreneurs font le choix daller créer aux Etats-Unis ou ailleurs. Dès lors, autant essayer de donner de son temps, de son énergie, pour défendre mes valeurs, mes idées sur lesprit dentreprise, lentreprenariat, lactionnariat salarié, la transparence financière, les nouveaux modes de management Cest pour cette raison que jinterviens fréquemment dans de nombreuses écoles de commerce mais également dans les plus petits villages de France, cest mon côté pèlerin des NTIC. Et puis jai envie de casser ces vieux stéréotypes sur la droite, la richesse présumée, largent... Je viens dune famille modeste et notre moteur, cétait la francophonie, la volonté de créer des outils dans notre langue. Je crois que depuis 1995, nous avons montré, entre autres en refusant des montagnes de pognon (**), que lon pouvait monter une entreprise pour le goût dentreprendre, de développer un nouveau marché, pour faire plaisir aux gens, notamment en leur donnant les moyens de mieux communiquer et au niveau social, établir une nouvelle organisation, moins hiérarchisée, plus réactive, récompensant leffort, limplication, le travail. Cest clair, on donne plutôt de largent que du temps de repos supplémentaire, une prime de fin dannée plutôt quun 13e mois Mais notre première motivation, cest la réussite, la création pas largent. On ne peut faire tout ça juste pour du pognon, pour devenir riche. Ce nest pas imaginable." Un nouveau visage, une nouvelle voix, celle dune jeune droite souriante et sympa qui souhaite enrichir le débat. (*) Thierry Lunati, Alexandre Roos et Christophe Schaming. (**) Au plus fort de la vague internet, les fondateurs de Caramail refuseront 30 millions deuros pour conserver le contrôle de leur société et sassocier avec des acteurs purement internet. Portrait écrit pour Génération Terrain par Chasseurs de nouveaux talents politiques |
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Il fallait bien se résoudre à lancer Caramail... |
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Je sortais d'hypokhâgne de khâgne |
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Si l'on veut une France qui entreprend... |
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Une nouvelle aventure |
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