Du sud, 3ème génération

Yves Censi, 38 ans. Candidat aux prochaines législatives à Rodez, chargé de mission à la Présidence de la République. Guitariste à ses heures, échangera-t-il son âme au diable contre le génie du blues ?

 

Mon CV (format pdf)

 

Un beau jour peut-être, Yves est parti. Il a tourné les talons, pris le train et sa guitare et est monté à Paris. Rodez, sa ville natale, son point d'ancrage, a disparu derrière l'horizon. Sans doute eut-il aimé atterrir impasse Florimont… Brassens ne l'avait jamais vraiment quitté et lorsqu'on s'éloigne de son pays, on n'abandonne pas pour autant ses racines. Celles d'Yves Censi sont en Aveyron, en Rouergue. Un pays où depuis trois générations on cultive le souvenir du Grand-Père, ce colosse arrivé d'Italie sans un sou en poche pour échapper aux fascistes, et qui était resté là, par amour pour cette toute jeune femme très "années folles", qui fumait des cigarettes, conduisait des voitures, et qu'il avait enlevé pour l'épouser - émotion dans la bonne société ruthénoise d'antan...

Puis Ampelio, le grand-père, avait construit son atelier, sa maison, avait eu de beaux enfants et l'on avait fini par l'accepter. Il faut dire qu'il était ouvrier en minoterie, ne comptait pas sa peine et qu'il avait réparé tous les moulins de la région. Difficile dès lors de lui reprocher comme dans un célèbre sketch, de "manger le pain des Français…" C'était tout de même un peu grâce à lui qu'on le faisait.

 Le fils lui, allait poursuivre la légende familiale. Ingénieur diplômé de l'Ecole des arts et métiers de Lyon, chef d'entreprise, il devient maire de Rodez en 1983… Lui, le fils d’immigré, l’Italien, l’étranger, attaqué comme tel d’ailleurs par les notables d’alors, mais serait-ce différent aujourd’hui? Un belle carrière politique, illustrée par un fait d'arme dont on apprécierait qu'il se renouvelle prochainement : une victoire aux régionales de 1992 face à… Lionel Jospin!

Aujourd’hui, nous sommes place de la Bastille, au café des Phares, le plus célèbre des cafés «philo» de la capitale, non loin du Port de l’Arsenal où Yves a attaché son domicile pas très fixe, une vieille péniche qu’il retape tranquillement comme au temps de l’adolescence lorsqu’il était «arpette» et qu’il aidait dans les moulins du Rouergue. Yves est donc monté à Paris. Atterrissage en douceur à l’Institut d’Etude des Relations Internationales, rue des Saint-Pères. Il y passe 4 ans, y apprend le Chinois, avant d’intégrer Sup de Co puis l’Université Deusto au Pays Basque espagnol. A côté, pour financer ses études, il travaille pour une société d'import-export et sillonne l'Espagne. Bientôt la fin des études ? "Pas vraiment explique-t-il. On m’a toujours appris à utiliser ses deux mains. Les mariniers disent: une main pour soi, une main pour le bateau. Et j'éprouvais toujours le besoin d'une plus grande ouverture…" Consultant en organisation chez Peat Marwick, il partage son temps avec l’école normale et la rue d'Ulm pour un DEA de sciences sociales qui s'achèvera par un atterrissage au marketing on line de la Française des Jeux en 1991. Yves y travaille sur de nombreux jeux de loterie, lance le Keno sur le marché français avant d'être nommé expert au sein de la Commission Européenne des Loto et Loteries d’Etat. Une expérience dont Yves retiendra une approche globale de la société française, de la France populaire, qui le poussera à rechercher de nouvelles méthodes de compréhension de cette entité impalpable et unique.

Mais la vie politique l'attire et cette envie là, l'entreprise ne peut la satisfaire. Fin 1997, Yves démissionne et rejoint son père pour le conseiller dans sa campagne des régionales en Haute-Garonne. On connaît la suite… En mars 1998, la droite se déchire, obtient 12 sièges contre 13 à la gauche plurielle et à la LCR. Le Front National, éternel allié de la gauche se retrouve en position d'arbitre du scrutin… Elu Président du Conseil Régional avec les voix du Front National, Marc Censi refuse de présider et démissionne. Lorsque votre père a du fuir le fascisme et les chemises noires, il y a certaines valeurs républicaines avec lesquelles on ne transige pas.

…Yves travaille maintenant auprès de Jacques Chirac, à la Présidence de la République. Comment a-t-il été recruté ? "Mon expérience globale, peut-être le fait que je sois un peu à la croisée des chemins de la communication, de l’analyse sociale et de l’organisation de projets… Cela a du être remarqué et j'ai été contacté en 1997. J'ai rencontré le Président puis j'ai été embauché…" Un entretien d'embauche avec Jacques Chirac, voilà qui n'est pas banal…. Quelles sont donc ses relations avec le Président de la République? Yves n’est pas là pour dévoiler son intimité. Tout au plus soulignera-t-il que le Président est "calé sur l’essentiel, les intérêts de la France et des Français, qu’il n’a pas l’obsession d’imposer un projet de société. Il ne réagit pas pour plaire ou pour s’imposer, mais toujours par rapport à un système de valeurs". Et le fait de travailler à l'Elysée ? Cela change-t-il quelque chose ? "Jacques Chirac ne suscite pas de phénomène de cour. Il a vraiment mis fin à l’ambiance de «monarchie présidentielle» qui régnait avant lui. Certains sont parfois surpris de voir que je peux aller travailler à la Présidence de la République sans cravate. C’est un détail, mais en fait, le Président apprécie la simplicité, les gens libres, qui n'appartiennent pas à un microcosme...." Nous n’en saurons pas plus, certaines fonctions exigent réserve et discrétion.

De ce fait, dès demain, Yves retournera en Aveyron, retrouver sa "communauté" comme il dit. Là-bas, chez lui, il entend se présenter aux prochaines élections législatives et se battre pour que sa génération ne soit pas exclue du débat politique, un message véhiculé parfois dans la presse locale : "Sur le terrain, je rencontre un vrai accueil en faveur d'un renouvellement du personnel politique. Je fais partie d'une génération qui en terme d'âge et de façon de faire peut être appelée «génération terrain». Celle-ci veut faire bouger les choses au sein des partis. Il faut se rappeler aussi que les moins de 40 ans représentent 3 % de l'Assemblée nationale (…) Il me semble logique que la génération à laquelle j'appartiens prenne maintenant ses responsabilités par rapport à un avenir qui est déjà le nôtre" (*). Une nouvelle bataille qui sera l’occasion de retrouver les siens, de prendre à nouveau les chemins ou de partir à cheval pour une grande randonnée sur l’Aubrac. A la vesprée, à la croisée des chemins, Yves jouera un vieux blues de Robert Johnson ou écoutera les Fabulous Trobadors, ses amis toulousains… Mais le diable passera son chemin : aucune âme à vendre sur ces terres-là, fût-ce contre le génie du blues.

(*) La dépêche du Midi - 04/03/02 - interview d'Yves Censi - propos recueillis pas Marc Dejean.

 

Portrait écrit pour Génération Terrain par
Camille Vincent

Son CV (format pdf)

Chasseurs de nouveaux talents politiques

La légende familiale

Entité impalpable et unique

Un entretien d'embauche avec Jacques Chirac

Sa communauté

 

Télécharger (format pdf) :

- le portrait d'Yves Censi

- son cv

 

Accueil Qui sommes-nous? De nouveaux talents Pourquoi pas vous? Vos idées Nous écrire Tribune Adhérer Liste de diffusion On parle de nous Liens Contact Presse


Infos éditeurs   -    Nous recrutons    -      Devenez partenaire     -    Plan du site