Philippe Blandin Je ne vous ressemble pas

Philippe Blandin, 27 ans. Diplômé de l'Essec, consultant en management et compositeur de musique électronique. Voit les raves comme une expérience de libre entreprise...
Mon CV (format pdf)
Mes trois propositions

 

Marx Dormoy, 18e arrondissement, fond de cour, immeuble années 50. Après le deuxième code, Philippe descend et vient m’ouvrir. Trop de cambriolages, trop de fumeurs de crack : les locataires préfèrent maintenant ouvrir eux-même la porte de la cage d'escalier.

L’appartement est exigu. Paul, le colloc’, libraire chez Virgin, traîne ses guêtres, prend sa douche et déguerpit. Puis Christèle, la copine de Philippe, en fin d'études, apparaît. Café, discussion informelle. Elle s'efface à son tour… Aux murs, des lithographies, Francis Bacon et "Sœur Marie-Thérèse", Loisel et Wendling. A ma droite, platines Vestax, clavier Roland, groove-box, ordinateur et une tête de mannequin parée d'un masque à gaz. Philippe compose de la musique électronique depuis quelques années, "tu peux dire de la techno, pour simplifier" commente-t-il, tutoiement de rigueur. Avant, il mixait avec des amis. Des raves ? Des drogues? La question ne le surprend pas. Bien sûr, il en a vu, mais il était "trop douillet pour prendre des saloperies" et puis sa "liturgie de la défonce", son "expérience forte", c'est la musique. Pas question de se laisser happer….

Alors, ces raves mises au banc des accusés? Sourire. Oui, forcément, les gens ne comprennent pas. Un peu comme le rock dans les années 50 qui était réservé aux forbans… Les raves c’est pour les autres, les fous, les barbares ou ces fils et filles de bonne famille qui sont majoritairement clients de ce type de manifestations musicales. Les gamins des Cités, eux, leur truc c’est le rap, pas la techno. Une question de génération? "Pas sûr, interprète-t-il. Il y a beaucoup de fantasmes et d'ignorance. Faut savoir de quoi on parle, l’avoir vécu. Dans notre société, il faut que les gens se prennent en charge, qu'ils soient responsables et fasse preuve d’initiative. Déjà, organiser une soirée avec une trentaine d'amis, c'est du boulot, mais avec des milliers de personnes… D’une certaine manière,ces soirées c'est de l'expérience professionnelle, de la libre entreprise, une sorte d’acte libéral…" L’enfer pour d’autres…

Mais, soirées et études sont parfois difficiles à mener de front. Philippe s'est éloigné de ce monde de la nuit, par trop chronophage. Après hypokhâgne, brusque changement. Philippe supporte mal le formatage Dubrowski-Barthes. Malgré ses brillants résultats, son admission en khâgne et sa passion pour la philo, Philippe choisit la voie combinée de l'apprentissage et de l'Université de Droit - "une bonne formule, un pied dans les études, un pied dans le concret". Il se pose à la fac de Nanterre, loin de ses terres du 94 et de Vincennes. Ses parents, eux, ne disent rien et acceptent cette décision. Leur domaine, c'est le travail, à l'ancienne. Etudes, terra incognita. Et Philippe, admiratif, de conter les parcours de son père et de sa mère, des bosseurs qui se sont rencontrés à l'âge de 14 ans, après l'usine, à la maison des jeunes et de la culture, et qui ont fait leur chemin, multipliant les expériences professionnelles et associatives.

Philippe cherche une première entreprise pour l'accueillir. Il distribue des CV et atterrit… à l'Assemblée Nationale, assistant parlementaire du Docteur Bernard Accoyer, alors membre de la "Task Force Juppé", chargé de communiquer auprès des médecins et de leurs syndicats. Nous sommes en 95 et le plan de réforme Juppé ne passe pas. Neuf mois particulièrement intenses au cours desquels Philippe travaille son discours et fait tourner la machine en bon petit soldat. Les réunions sont interminables et tandis que Bernard Accoyer sur scène expose les propositions du gouvernement, en coulisse, Philippe parle, explique, justifie, répond aux innombrables lettres : "oui, c'est un bon projet", "non, il ne va pas à l'encontre de vos intérêts"… Il faut se battre, remplir sa fonction, au cœur du cyclone, apprendre la solidarité dans l'épreuve et laisser ses convictions libérales au vestiaire. Les relations avec Accoyer sont cordiales. Philippe apprend.

Dissolution, réductions d’effectifs. Philippe en profite pour faire un service militaire civil dans une association du Val de Marne qui se bat pour l'insertion professionnelle de jeunes défavorisés. Les entreprises solidaires sont nombreuses mais la tâche est difficile, de nombreux jeunes fuyant leur travail après quelques chapardages plus ou moins volumineux. Une expérience…

Les études reprennent. Philippe passe son DEA, intègre l'Essec, ne perd pas de vue ses camarades de lycée qui pour la plupart ont cessé toutes études. Avec ces amis, il prépare un "business plan", une entreprise verra le jour prochainement, et organise des jeux de rôles grandeur nature, expériences théâtrales improvisées, regroupant jusqu'à plus de 100 joueurs-comédiens. Son usine à lui.

De retour à Vincennes, c'est une autre danse… Responsable au sein du Collectif des Etudiants Libéraux de France, membre de Démocratie Libérale, il s'engage dans les municipales et soutient Patrick Gérard qui l'emporte après une vraie campagne de terrain. Un modèle ? Presque. Philippe confie son admiration pour ces élus qui "ne peuvent pas faire 20 mètres dans la rue sans rencontrer quelqu'un qu'ils connaissent" ou pour Cohn-Bendit dont il apprécie la libre démarche intellectuelle vivifiante: "quelles que soient ses prises de positions parfois iconoclastes, c’est un libre penseur".

La vie active a fini par l'emporter. A 27 ans, Philippe est consultant en management. Et la politique ? "C'est un milieu où l'on n'est pas le bienvenu et qui est en train d'en crever. Alors on a envie de les rassurer, de leur dire je sais, je ne vous ressemble pas. Mais vous, à qui ressemblez-vous?".

Nous nous séparons. Demain, Philippe ira voir un spectacle de rue, la troupe Royal Deluxe est à la Villette. "Dis bien à tout le monde d'arriver en avance. C'est un spectacle gratuit." Avec un peu de chance, nous y croiserons un de nos élus...

Portrait écrit pour Génération Terrain par
Camille Vincent

Ses trois propositions

Son CV (format pdf)

Chasseurs de nouveaux talents politiques

A ma droite:
platines Vestax...

Un pied dans les études, un pied dans le concret

Il faut se battre, remplir sa fonction.

Mais vous, à qui ressemblez-vous ?

 

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- le portrait de Philippe Blandin

- ses trois propositions

- son cv

 

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